mardi 2 novembre 2010

"Les femmes ou les silences de l’histoire" de Michelle Perrot

couvePerrotUn livre formidable qui porte son titre "les silences" à l’envers puisque toute la science de l’historienne est de rendre publiques l’expression, la parole, les témoignages et les actes des femmes ;o) Présentation du livre sur le site de l’éditeur ICI...

Pour traverser les silences de l’histoire, Michelle Perrot nous ouvre
• la correspondance des filles de Karl Marx !,
• le journal intime de Caroline, une jeune fille au milieu du 19e siècle à Paris, suivi du journal tenu après la naissance de sa fille Marie,
• des documents sur les femmes au travail au 19e siècle : les grèves féminines, l’éloge de la ménagère dans le discours ouvrier, les femmes rebelles, les femmes et les machines, la parole publique des femmes, la citoyenneté, les femmes dans la ville...
• elle présente deux figures : Flora Tristan et George Sand
• puis ouvre un chapitre «débats» sur le rôle des femmes pendant la guerre, le corps, l’image, l’identité, la différence ...

J’ai surtout aimé les correspondances, journaux intimes et toute la partie sur les femmes au travail. On apprend beaucoup sur le courage et les actions des femmes : malgré la charge totale de la famille et souvent à cause de cette charge (veiller à la santé et l'alimentation des enfants), les femmes s'expriment et agissent, cherchent aussi à préserver ou conquérir une part d’autonomie. Même si elles étaient privées de lieu où se rassembler, d’organisations pour les représenter, de parole publique, elles ont malgré tout opposé une forme de résistance au pouvoir masculin. Jamais soumises, pas silencieuses non plus, grâce à leur obstination et à celle d'historiennes comme Michelle Perrot, la volonté des pouvoirs que l’Histoire ne véhicule rien de la mémoire des femmes... n’a pas totalement abouti.

Du coup, ces connaissances ont le goût du fruit défendu, l'Histoire redevient intéressante parce qu'elle nous considère comme en faisant partie...

"Les femmes ou les silences de l’histoire" de Michelle Perrot, éd. Flammarion, 424 pages, 10 euros (dans cette édition compacte, le texte est écrit particulièrement petit ; la 1re édition du livre date de 1998).